Charles Joly, de l’Oise au Cambodge

En 1872, à l’âge de 26 ans, à peine ordonné prêtre, Charles Joly embarque pour le Cambodge. Pour y rester quasiment toute sa vie.

La famille Joly, établie à Saint-Maur, a deux enfants : une fille et un garçon, Charles-Albert. Ce dernier est né le 16 novembre 1846. Ses capacités intellectuelles et son attirance pour l’autel l’amènent à suivre sa scolarité dans une maison religieuse, puis à intégrer le grand séminaire de Beauvais. Cependant, il sent une vocation de missionnaire naître. L’évêque de Beauvais, pour éprouver ce sentiment, l’envoie alors un an professer au collège de Noyon. Or, l’envie de rejoindre les missions étrangères de Paris se confirme. Pendant la Commune, il reste à Paris pour soigner les blessés. Sa nécrologie rapporte qu’il y a converti un communard. Ordonné prêtre le 21 septembre 1872, pour le diocèse de Beauvais, Charles Joly rejoint le Cambodge la même année.

D’abord affecté à Cu-Lao-Tay, il s’acclimate assez vite et s’initie à la langue annamite. Il est envoyé à Boot dans le district de Cai-Doi. En 1882, comme le relate la Semaine religieuse de Beauvais, il est placé dans le récent district créé de Chaû-Doc, sur le littoral. Dans une lettre écrite à sa sœur le 21 mars 1885, il relate les difficultés de la mission :  » Hélas ! depuis près de deux mois, les tristesses ont succédé aux tristesses et les ruines se sont accumulées dans notre pauvre région. » Mais le missionnaire garde bien le cap : « Sois sans inquiétude pour ma personne. Le bon Dieu et ses saints anges me garderont : car je ne suis pas encore prêt à mourir. » Et il a raison. En 1888, après un séjour à Rome, Lorette et Jérusalem, il regagne sa mission de Boot.

En 1902, Mgr Bouchut l’appelle auprès de lui à Phom-Penh où il reconstruit le couvent de Amantes de la Croix. Fatigué et avec une santé fragile, il rejoint en 1911 la France et sa sœur, madame Cordonnier, dans ses derniers jours. L’année suivante, il reprend le chemin du Cambodge où il meurt le 6 juin 1913, laissant derrière lui une belle œuvre missionnaire.

Publié dans Missio n°40 (éditions Oise-Normande et Vexin-Thelle), juin 2023