A Nouméa, le dernier quotidien papier – Les Nouvelles Calédoniennes – va cesser sa parution pour devenir journal numérique. L’occasion de se souvenir du père Henri Boileau, originaire de l’Oise Normande, qui a fondé un autre journal sur l’archipel : Le Semeur Calédonien.
Henri Boileau naît le 30 mai 1874 à Marseille-en-Beauvaisis, second d’une famille de sept enfants. Après ses études chez les Maristes (Société de Marie) à Senlis, il prononce au sein de cette congrégation ses vœux religieux en 1899. Il poursuit ses études de théologie à Montbel (Var), puis enseigne à Saint-Vincent de Senlis. Alors que le gouvernement français refuse aux congrégations l’autorisation d’enseigner, le père Boileau est alors nommé vicaire à Guiscard, par Monseigneur Célestin Douais, évêque de Beauvais. Son désir ardent était d’être missionnaire dans une lointaine contrée. Les annales de la propagation de la foi de mars 1906 nous annoncent son départ. Le 26 novembre 1905, en compagnie de Monseigneur Doucéré, vicaire apostolique des Nouvelles-Hébrides, et du frère Henry Verny, le père Boileau monte à bord du bateau Le Polynésien en direction de la Nouvelle-Calédonie. Il débarque à Nouméa le 5 janvier 1906.
Soixante ans au service de Nouméa
Dès son arrivée, il se met au service des habitants de Nouméa qui en conserve la mémoire vive. D’ailleurs, pour vous rendre à l’archevêché rue du Mgr Fraysse, vous pouvez emprunter la longue rue Révérend-Père Boileau. Ainsi, d’abord vicaire de la cathédrale, il fonde des patronages (de treize à soixante-deux membres), construit une salle des fêtes.
Soucieux d’informer, il va créer un premier journal, Les Petites Nouvelles, qui sera remplacé par La Vie Catholique. En 1931, il devient le 11e archiprêtre de la cathédrale. Il assiste à l’ordination des deux premiers prêtres originaires de l’archipel en 1948. Cette année-là, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur et chanoine d’honneur de la cathédrale de Beauvais. Alors qu’il rejoint une nouvelle paroisse, il fonde Le Semeur Calédonien en 1954 et installe l’imprimerie dans une annexe de la cathédrale. Comme le souligne l’historienne Sylvette Boubin-Boyer, l’évangélisation – notamment par les journaux – a permis l’émergence d’une conscience politique chez les femmes. Le journal existe toujours. Il est devenu, en 1976, Eglise de Nouvelle-Calédonie, la revue du diocèse.
En 1949, lors d’une audience à Castel Gandolfo, le révérend père Boileau demande au pape Pie XII de bénir les lépreux de Ducos. Dans une lettre du révérend père Bussy, que les Annales de la propagation de la foi ont publié en janvier 1925, nous apprenons que le père Boileau est attaché à sa mission d’aumônier de la léproserie. Pour y accéder, il fallait prendre le bateau. Il y débarquait avec son vieux violon.
Le père Bussy le qualifie de « véritable artiste« . Avec le soutien des sœurs de Saint-Joseph de Cluny, il constitue pour la cathédrale une chorale. Accord musical, une publication qui raconte l’histoire des musiques en Nouvelle-Calédonie 1843-2008, lui en rend hommage. Il décède le 11 février 1966 à l’âge de 92 ans.
Publié dans Missio n°37 (éditions Oise Normande et Vexin-Thelle) – septembre 2022