Philippe Zeller veille sur la mémoire d’une grande « famille », rassemblant quelque dix mille personnes issues de mariages remontant au XVIIIe siècle.
Pouvez-vous nous présenter l’association « Vos papiers de famille » ?
C’est une association regroupant six grandes branches familiales constituées à partir de mariages célébrés en France à la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe. En un peu plus de deux siècles, cela représente environ dix mille descendants (en comptabilisant les personnes entrées dans ces familles par mariage), dont plus de sept mille sont vivants. Grâce au transfert des arbres généalogiques sur des registres informatisés, il a été possible, il y a une vingtaine d’années, de créer une fiche électronique sur chacune de ces dix mille personnes au sein d’une base de données hébergée par un serveur, et, simultanément, de créer un site web riche en applications.
Conservez-vous des archives ?
L’association s’appelait auparavant « Vieux papiers de famille ». C’est donc que l’objectif premier était bien de publier les archives familiales d’intérêt, souvent des lettres, des récits, des publications, des portraits, des dessins, des gravures ou des photographies. Il y avait également des récits de vie, des mémoires, des discours de mariage ou de funérailles. Ces archives étaient certes conservées, mais pas toujours exploitées, et l’intérêt de la création de l’association a été justement de rendre possible leur publication dans une revue familiale, au lectorat lui-même familial et, d’une certaine manière, contrôlé. Il y a une vingtaine d’années, nous avons gardé le sigle (VPF), mais « modernisé » le nom, en pensant que le rôle de l’association était aussi de recueillir des témoignages plus contemporains, par exemple sur les métiers exercés par des générations plus jeunes, sur les grands voyages effectués par certains, sur des expatriations professionnelles ou religieuses. Aujourd’hui, nous veillons à faire coexister vieux papiers et récits d’actualité relative.
Que faut-il garder ?
Il faut déjà ne pas détruire, ce qui n’est pas toujours aisé lors des successions parce qu’il faut respecter avec pudeur les traces personnelles laissées par ceux qui nous ont précédés, auxquels nous devons avant tout reconnaissance et bienveillance. Nous n’avons pas à les juger, d’autres l’ont fait à notre place, souvent à tort. Les croyances religieuses jouent aussi, en ce domaine, un rôle essentiel. Dans une association familiale, il faut admettre les sensibilités de tous, si diverses soient-elles.
Que voulez-vous transmettre ?
Question intéressante, que je poserai à la prochaine assemblée générale de notre association ! En tout cas, certainement, la possibilité pour chaque « descendant » de connaître le mieux possible son ascendance généalogique, quand vient le moment où il s’en soucie, à tout âge de la vie. En ce sens, l’association appose en quelque sorte une « certification », évidemment non officielle, mais la plus fiable possible, et c’est bien là l’expression d’une volonté effective et partagée de tous ceux qui nourrissent la base de données en informations sur les événements familiaux, comme il s’agissait d’un devoir commun d’aider les nouvelles générations à identifier leurs racines.
Propos recueillis par Julien Serey
Publié dans Missio n°37 – septembre 2022