Des chênes de l’Oise pour la charpente de Notre-Dame de Paris

Coupe d’un chêne au domaine de Chaalis

Il est venu le temps de restaurer la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette étape a fait débat, mais il a été décidé de relever la charpente à l’identique. Ainsi, il fallait trouver des chênes… Heureusement, la forêt française est plus étendue aujourd’hui qu’au Moyen Âge.

Tout le monde se souvient de ce qu’il faisait le 15 avril 2019, lorsque la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris est partie en fumée. Dans l’Oise, nous pouvons mesurer la masse de bois que cela représente. La charpente de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais date de 1257-1258 et ressemble à celle de Notre-Dame. Comme elle, il s’agit d’une forêt. L’évêque de Beauvais de l’époque avait utilisé des chênes de sa forêt pour la construction de cette magnifique cathédrale inachevée.

Restaurer ou reconstruire ?

Restaurer ou reconstruire ? Le débat a fait rage. Certains voulaient du moderne : une charpente métallique (comme la cathédrale de Reims) avec sur la toiture du titane, trois fois plus léger que la toiture en plomb. D’autres, restaurer à l’identique. Grâce à la restauration de Viollet-le-Duc, nous possédons des études et des plans pour la rebâtir à l’identique. Néanmoins, était-ce envisageable ? Oui, a répondu le chercheur du CNRS Frédéric Epaud. Selon lui, 1200 chênes de soixante ans étaient nécessaires pour la charpente et la flèche.

Depuis février 2021, la coupe a commencé principalement dans cinq régions : Bourgogne, Centre-Val de Loire, Normandie, Grand Est, Pays de Loire, grâce à la générosité des propriétaires forestiers qu’ils soient publics ou privés. En effet, les arbres (d’une valeur pouvant atteindre 10 000 euros pièce) ont été offerts. Pour le chantier de Notre-Dame, seulement 0,1% du bois prélevé cette année serait nécessaire.

Et l’Oise ?

Dans notre département, à Chaalis ou dans la forêt de Mouchy près de Laboissière-en-Thelle, des chênes ont également été prélevés pour la renaissance de Notre-Dame. Dans Oise-Hebdo, Eric Boitin, de la société Forestry, expliquait qu’ils avaient été repérés et abattus, avant le 15 mars, « pour que les arbres soient séchés toute l’année et sciés. » Le monde forestier est fier de participer à ce chantier, comme le souligne de son côté Henri Dupriez, patron d’une scierie dans le Pays de France, au même journal : « Certains disent qu’on travaille bénévolement pour Notre-Dame afin de s’acheter le paradis ! (rires) C’est un projet humain, historique, société. On est fier d’y participer. »

Ce n’est pas la première fois que l’Oise participe à l’édification de la cathédrale de l’évêque de Paris. En effet, une partie des pierres proviennent des carrières de Saint-Maximin à proximité de Creil. Un second abattage d’un millier de chênes plus jeunes et moins larges est prévu par la suite pour les charpentes de la nef et du chœur, également appelé ‘du grand comble ».

Ce don est un motif de fierté pour l’équipe du domaine

Dès que nous avons appris qu’une collecte de bois était organisée pour permettre la reconstruction de la charpente de Notre-Dame de Paris, nous sommes partis à la recherche du chêne idéal, avec l’aide de l’ONF, gestionnaire de la forêt de Chaalis. L’Institut de France a estimé qu’il était de sa responsabilité de répondre présent à ce rendez-vous de l’histoire, même de manière symbolique.

Les espaces boisés du « Pays de France », dans lesquels le domaine est enclavé, ont en effet fourni, pendant des siècles, le bois nécessaire à la réalisation des chefs-d’œuvre de l’architecture religieuse qui caractérisent notre région, dont notre église abbatiale, aujourd’hui en ruine, fut un éminent témoin. Ce chêne symbolise également la longue histoire de Chaalis, cette épaisseur du temps qui fait partie de son identité. Ce don est enfin un motif de fierté pour l’équipe du domaine, qui œuvre au quotidien à la valorisation de ce patrimoine exceptionnel et qui pourra rappeler à nos visiteurs, que dans la forêt de Notre-Dame de Paris, se trouve un petit peu de celle de Chaalis. »

Alexis de Kermel, administrateur général du domaine de Chaalis

Publié dans Missio n°32 (Edition Oise Normande), juin 2021