Dans une encyclique stimulante, « Fratelli Tutti », le pape François poursuit sa réflexion pour un monde plus respectueux de la vie et de l’humanité. Il nous met fac au défi de la fraternité.
Saint François d’Assise restera comme l’inspiration marquante de ce pontificat. Le 4 octobre 2020, alors qu’une pandémie mondiale bouscule nos sociétés, le pape François publie une encyclique « Fratelli Tutti » consacrée à la fraternité et à l’amitié sociale. Ce texte résonne avec Laudato si », l’encyclique publiée voici tout juste cinq ans pour la sauvegarde de notre « maison commune « .
Le pape François n’a de cesse de nous faire comprendre que « tout est lié » : la protection de la planète, le développement humain intégral, la fraternité. Nous ne pouvons pas être individualistes. L’homme est un « être social » qui vit parmi ses semblables. Ainsi, nous devons prendre en compte la dimension universelle de l’amitié sociale et refonder un nouveau pacte où l’homme est la mesure de l’homme.
Jeter des ponts
François est comme l’explorateur Magellan. Le cardinal Parolin, secrétaire d’Etat, dans une intervention en 2017 à l’ambassade d’Italie avait relevé les similitudes entre l’explorateur et le pape. Il avait choisi d’intervenir sur la « diplomatie des ponts dans un monde de murs « . Le cardinal soulignait que, pour le pape François, nous étions à un changement d’époque.
Le constat du pape est amer. « La société mondialisée nous rapproche, mais elle ne nous rend pas frères « , affirme le Saint-Père dans « Fratelli Tutti ». Il pointe plusieurs ombres d’un monde fermé, comme le désespoir et la méfiance, la polarisation au détriment du dialogue, la marginalisation d’un nombre toujours croissant de personnes…
En France, le Revenu de solidarité active (RSA) est distribué à plus de 2 millions de foyers, un niveau jamais atteint avant la crise sanitaire. Selon le dernier rapport du Secours catholique, de plus en plus de Français sont obligés de choisir entre se nourrir ou se chauffer et un Français sur six vit sous le seuil de pauvreté. Alors quel regard portons-nous sur notre frère ?
« Jésus ne nous invite pas à nous demander qui est proche de nous, mais à nous faire proches « , exhorte François. Nous ne pouvons pas justifier l’indifférence, ni nous désintéresser des autres. Si le monde permet l’exclusion, nous ne pouvons pas nous en satisfaire. Face à ces changements, les disciples du Christ sont appelés à jeter des ponts entre les hommes, à vivre de la fraternité.
Le courage de l’imagination
Et ensuite ? Faire confiance à la providence ! Dieu ne nous abandonne pas. Alors, prenons la plume pour écrire « une nouvelle page de l’aventure de l’humanité « . Dans son discours où il évoquait Magellan, le cardinal Parolin nous donnait aussi des pistes pour faire face aux défis urgents de notre temps : « A la base de cette approche courageuse de l’inconnu, il y avait enraciné, entre autres, un triple dynamisme de l’esprit : le sens de l’inquiétude, l’humilité de l’imcomplétude et le courage de l’imagination « .
Inquiets du monde, nous le sommes, et bien conscients de nos faiblesses. Reste le courage de l’imagination ! Pour cela, souvenons-nous que « toute personne est précieuse et a le droit de vivre dans la dignité » comme le rappelle le pape. La fraternité n’est pas qu’un slogan. La fraternité, cela se vit. Cela fait déjà quinze années que Marie-Thé est bénévole au Secours catholique : « J’ai rejoint le Secours catholique dans l’idée de donner. C’est vrai, j’ai donné un peu de mon temps, j’ai même apporté quelques idées […] et j’ai appris à recevoir. » L’imagination sera plus féconde lorsque, comme Marie-Thé, nous aurons un coeur ouvert au monde. « La vraie qualité des pays du monde se mesure par la capacité de penser aussi comme une famille humaine, fait observer le pape François. Dieu donne toujours gratuitement. » Le Christ nous y invite : aimons notre prochain et agissons en témoin vivant de l’Evangile.
Publié dans Missio n°30, décembre 2020