« Mon âme a soif de Toi »

Avez-vous vu dans les magazines ou sur des affiches, cette publicité pour une marque de sacs dont le slogan est « l’âme du voyage » ? Avons-nous oublié ce que signifie l’âme pour en faire un outil promotionnel ?

Selon le poète Keats, « la terre est la vallée où poussent les âmes« . Aujourd’hui, il est plus simple de parler de l’âme d’un violon ou d’un câble électrique que de l’âme humaine. Cette réalité intime et subtile, qui « en chacun d’entre nous, permet de reconnaître, d’aimer, de comprendre, de compatir, de communier à la beauté du monde et de vivre l’émerveillement « , pour reprendre les propos de Mgr Alain Castet, évêque émérite de Luçon.

Qu’est-ce que l’âme ?

Même s’ils sont profondément unis, l’âme n’est pas l’esprit. Finalement, nous sommes constitués d’un corps, d’un esprit (appelé aussi intelligence) et d’une âme. Le philosophe Eric Fiat, dans son livre Corps et âme, écrit : « l’union du naturel et du spirituel n’est pas statique mais dynamique. Il n’y a pas une partie de l’homme qui serait naturelle, une autre spirituelle « . L’âme serait ce souffle, cette respiration qui unit l’homme dans toutes ses dimensions. Elle est ce qui anime et apporte la vie. Dans notre société contemporaine, l’âme dérange. Il est urgent pour nous, catholiques, de réhabiliter l’âme. Pourquoi ? D’abord, elle fonde notre unité. Ensuite, chacun de nous a une âme. Celle-ci nous a été donnée par Dieu bien avant notre naissance. Cette part très secrète et très intime de notre être nous a été insufflée par notre Créateur à la seconde même de notre conception. François Cheng n’hésite pas à dire que l’âme est le souffle vital de notre être. Le Concile Vatican II (Gaudium et Spes 15) évoque l’âme comme spirituelle et immortelle. Les Pères conciliaires renvoient l’âme à notre vie intérieure, à cette dimension invisible, alors que le corps, lui, est visible.

 » C’est le coeur qui sent Dieu, non la raison.  » Blaise Pascal

Corps et âme, même combat ?

« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dit seulement une parole et je serai guéri « . Longtemps, nous avons prié pour notre âme, laissant le corps de côté. Mais, l’homme n’est pas un pur esprit. Il est à la fois corps, esprit et âme. Péguy a si bien décrit le caractère charnel de l’âme. Le « je » de la prière rappelle notre unité. Les femmes ont découvert le tombeau vide, c’est-à-dire sans corps. Pour nous, catholiques, l’âme et le corps sont appelés à la résurrection. Il faut donc protéger, soigner son corps comme nous devons protéger et soigner notre âme. Si l’âme demeure l’identité profonde de la personne au-delà des épreuves du temps, notre corps est lié au corps du Christ ressuscité.

Notre relation à Dieu

Blaise Pascal affirmait que «  c’est le coeur qui sent Dieu, non la raison « . L’âme est le signe de l’Amour éternel de Dieu. Dans chaque vie humaine, Dieu a souhaité habiter cette part si intime. L’âme désigne ce qui de chaque être (actes, amour…) est gravé dans le coeur de Dieu. Nous ne pouvons donc pas prendre l’âme à la légère. Elle est notre relation unique à Dieu. C’est pourquoi, nous sommes appelés à la prière intérieure, à ce coeur à coeur avec le Créateur. «  L’âme se tait dès que l’Esprit la regarde  » commentait le néo-converti Paul Claudel. Nous n’avons pas besoin de parler devant l’Amour que Dieu nous porte. L’âme est source de notre joie, de la victoire sur la tristesse et sur la mort, de ce souffle de vie qui rayonne.

Publié dans Echo – janvier 2018 (n°45)