Mgr Célestin-Marie Gaoua connaît bien la France puisqu’il a été prêtre dans l’est de la France. L’évêque togolais évoque son pays et le partenariat qu’il compte bien mener à bien de concert avec son homologue oisien entre son diocèse de Sokodé et celui de Beauvais.
Vous avez été prêtre à Montigny-les-Metz. Le premier préfet apostolique (1946-1955) était un missionnaire catholique Alsacien, Mgr Joseph-Paul Strebler. Pourquoi avoir choisi le diocèse de Beauvais plutôt qu’un diocèse de l’Est que vous connaissez davantage ?
C’est l’Esprit-Saint qui m’y amène. Mon vicaire général, le père Michel Mamabetre a rendu des services en été dans le diocèse de Beauvais. Il connaît le père Emmanuel Gosset, vicaire général du diocèse de Beauvais qui a fait son service militaire en coopération dans le village d’Alédjo dont le père Michel Mamabetre est natif. Ils se sont connus alors qu’ils n’étaient pas encore prêtres, sans se douter qu’ils seraient un jour vicaires généraux.
Comment est venu l’idée d’un partenariat entre les deux diocèses ?
Le partenariat n’est pas encore né. C’est d’abord un partage d’idées entre deux vicaires généraux, qu’ils ont ensuite porté à leurs évêques.
Qu’est-ce que veut l’Esprit pour nos Eglises ? Dieu souhaite que nous nous ouvrons les uns aux autres. Que l’Eglise de Sokodé s’ouvre, que celle de Beauvais s’ouvre aussi.
Lors d’une réunion bilan avec mes prêtres du diocèse de Sokodé, nous avons formulé un souhait : que l’Eglise de Sokodé fasse des démarches pour un partenariat avec une Eglise d’Europe. Nous avons même aussi dit d’Afrique. L’actualité religieuse nous enseigne que celui qui se ferme meurt vite, en tout cas ne sera pas pleinement en bonne santé. Je ne crois pas que l’esprit de notre partenariat sera seulement de demander à être accueilli, mais c’est aussi à accueillir, c’est de donner mais aussi de recevoir.
Parmi les pistes d’une collaboration, vous évoquez d’abord et en premier lieu l’entraide spirituelle…
En effet, une profonde communion de prières pour nos différents agents pastoraux et pour le bien spirituel de nos fidèles. La richesse de tout partenariat entre des églises soeurs c’est ce souci de porter l’autre spirituellement dans ce qu’il fait, dans ses choix, dans ses souffrances, dans ses inquiétudes d’aujourd’hui, dans ses projets pour demain.
Actuellement, vous avez des prêtres qui viennent dans l’Oise pour des remplacements pendant l’été. Qu’attendez-vous pour les prêtres de ce partenariat ?
Je voudrais dire aux prêtres de l’Oise qu’il est possible que Sokodé soit dans leurs soucis et leurs joies d’évangéliser et réciproquement.
Ensuite, offrir pour ce qui est de ma part, au nom du diocèse de Sokodé, la possibilité aux prêtres du diocèse de Beauvais le séjour comme don de la foi, Fidei donum, si Dieu le leur demande et si l’évêque de Beauvais juge que c’est possible. De même pour les prêtres du diocèse de Sokodé.
Cela permet des échanges d’expériences pastorales et surtout la vision d’une autre face spirituelle de l’Eglise. L’Eglise est comme un prisme. Il faut avoir le courage de le tourner pour voir l’autre face mais qui fait partie d’une seule et même réalité.
Cette expérience de prêtre Fidei Donum, vous l’avez vécu…
Je l’ai vécu moi-même. Je dois dire cela m’a fait grandir.
L’Eglise de Beauvais pourrait donc devenir comme une grande sœur de celle de Sokodé…
Beauvais est une grande sœur et Sokodé est sa petite sœur ! Sokodé n’a que 62 ans. Elle est toute jeune. Mais l’Esprit peut souffler plus fort chez les jeunes. C’est pourquoi, je fonde ce partenariat sur le partage spirituel. Il faut découvrir les lieux de ce partage spirituel. Ensuite, une jeune sœur a besoin d’être accompagnée pour sa maturité humaine, pour ses structures… Elle doit apprendre à se prendre en charge économiquement, humainement et l’Eglise de Beauvais peut nous y aider. Quand on aime quelqu’un, on a envie qu’il grandisse, on le forme à ce qu’il se prenne en charge !
Propos recueillis par Julien Serey
Publié dans Peuples du Monde n°480, janvier-février-mars 2018