Qui n’a pas demandé à saint Antoine de retrouver ses clés ou à sainte Rita de guérir un ami malade ? Quel rôle jouent les saints dans notre vie ? Prier les saints, est-ce bien chrétien ?
Le dicton populaire « s’adresser à Dieu plutôt qu’à ses saints » nous interpelle. Si nous imaginons les saints comme des fonctionnaires de Dieu, nous avons tout faux et notre prière est inutile. Dieu n’a pas besoin d’intermédiaires entre nous et Lui. Ce n’est pas la fonction que nous donnons aux saints. Le culte des saints fait partie de la foi de l’Eglise. A chaque fois que nous récitons le Credo, nous l’affirmons : « Je crois en la communion des saints ». Dans cette communion, nous prions pour les défunts et ils prient pour nous. Nous reconnaissons que les saints sont nos aînés et que la mort n’est pas une frontière. Pour reprendre la formule de Bernanos : « Il n’y a pas le royaume des morts et le royaume des vivants, il n’y a qu’un seul royaume et nous sommes tous dans ce royaume. » C’est-à-dire que les saints du ciel et nous-même ne formons q’un seul peuple, une seule Eglise : nous sommes tous membres du corps du Christ. Ainsi, la prière des saints trouve-t-elle sa justification dans cette communion où nous vivons, tous, de la plénitude qui vient de Dieu.
Comment prier les saints ?
En réalité, nos prières ne sont adressées qu’à Dieu. Prier les saints, c’est finalement leur demander de relayer nos intentions, d’intercéder pour nous. Les saints écoutent nos demandes. Pour Mgr Jacques Perrier, évêque émérite de Tarbes et Lourdes, « ils sont modèles par leur vie, une famille par la communion avec eux, mais aussi un appui par leur intercession. » D’ailleurs, la prière eucharistique n°3 affirme qu’ « ils (les saints) ne cessent d’intercéder pour nous« . Depuis l’origine de l’Eglise, il en est fait mention dans la prière eucharistique, comme dans la plus ancienne « le canon romain », où après une litanie de saints : « Accorde-nous, par leur prière et leur mérite, d’être toujours et partout, forts de ton secours et de ta protection. »
Se mettre sous la protection
Si les saints prient pour nous, ils veillent aussi sur nous. Ainsi, certains font le choix de se mettre sous la protection d’un saint. Comme Helen, jeune mère de trois enfants qui a placé sa famille sous la protection de sainte Thérèse de Lisieux. « Si nous avons fait ce choix, c’est parce qu’elle est un témoignage de l’amour de Dieu. Comme elle, nous aimerions pouvoir nous mettre à l’ombre du manteau de la Vierge Marie. Comme elle, nous désirons vivre de cette source qui est Dieu. Nous voulons à sa suite mettre nos pas dans les siens. » Les saints nous encouragent par leur exemple, nous éclairent par leur enseignement et veillent sur nous par leurs prières. Ils sont nos guides pour trouver notre propre chemin de chrétien, ils nous apprennent que la vie avec Dieu n’est pas tristesse mais bien grande joie et vrai épanouissement. A chacun, selon sa vie, de trouver son saint protecteur : sainte Monique pour une mère, le saint curé d’Ars pour un prêtre, saint Paul pour la mission…
Et Marie ? Pour saint Bernard, Marie n’est pas la source de notre vie, puisque c’est Dieu, mais elle est comme un aqueduc. Dans le Salve Regina, nous la nommons « avocate ». Pour les catholiques, il y a dans la figure même de Marie, non seulement le réconfort, mais aussi la mère qui ne laisse perdre aucun de ses enfants. Au seuil de la mort, nous nous tournons souvent vers elle. Même pour ceux qui sont loin de la foi, la dernière chose que l’on oublie, c’est le Je vous salue Marie… « Priez pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen »
Publié dans Echo n°43 – novembre 2017