Notre pays aime la politique. C’est un sujet de querelle entre amis, en famille. Je dois avouer que c’est un sujet qui ces derniers temps m’a beaucoup interrogé : devons-nous attendre de l’Eglise qu’elle nous dise pour qui voter ? Attendons-nous de notre curé ou de notre évêque qu’il prenne une position politicienne ? Sommes-nous devenus si bêtes que nous ne savons plus sonder notre conscience, notre âme avant de voter ? Comment devons-nous nous comporter ? J’essaie modestement ici d’explorer quelques pistes.
Aimer son pays
Le philosophe Martin Steffens nous le rappelle : « Notre vocation, c’est d’aimer » et nous interroge : « Comment inventer aujourd’hui l’amour dont demain a besoin ? » Il est vrai que nous sommes un peu à sec. Nous avons un peu déserté collectivement. Or, notre temps et notre pays ont besoin d’un grand souffle. En tant que chrétien, j’ai reçu pour mission de vivre dans l’amour, mais surtout de l’amour dès maintenant et avec mes concitoyens.
Notre mesure est l’amour, source de notre joie, celui que Dieu nous donne par la Croix. Cet amour nous délivre car par lui tout est accompli. Retirons alors nos masques de vanité pour agir selon notre conscience, cette intériorité qui n’est pas une partie de moi-même mais bien ma vie entière. Pourrions-nous laisser de côté les querelles partisanes, le mode de pensée binaire du « pour ou du contre »? Stimulons notre pensée, notre intériorité pour exprimer nos réflexions sur ce qui est le bien de tous.
Servir le bien commun
Modestement, avec nos propres moyens, mettons-nous au service du bien commun, c’est-à-dire de la vérité et de la justice. Simone Weil, dans sa note sur la suppression générale des partis, le résume : « Si on a un critère du bien autre que le bien, on perd la notion du bien. » Servir la France, c’est donc se mettre au service en toute humilité de l’amour, de l’autre, de celui qui est fragile. Servir, c’est soutenir, partager, souffrir, ne pas abandonner.
Prier pour la France
Aimer, c’est prier d’abord. C’est demander à Dieu « l’heure de l’amour » , pour reprendre l’expression de Gustave Thibon. Demandons au Seigneur d’avoir le courage de répandre l’espérance en France et dans le monde d’après-demain, seule condition à la vie. Prions pour la France, elle en a besoin.
« France, ô ma patrie, je crois, j’espère en toi, avec amour Dieu t’a pétrie de beauté, d’amour et de foi. »
Editorial de Missio n°16 – juin 2017 (éditions Vexin-Thelle, Oise Normande, Noyonnais)