Devenir grands-parents est une étape dans la vie. Et ces derniers prennent aujourd’hui une place essentielle dans la vie de famille.
Dans notre société, il n’est pas rare que trois voire quatre générations cohabitent. Longtemps, les grands-parents étaient absents de la vie quotidienne ; ils étaient ceux qui nous apprenaient la mort, dont nous fleurissions les tombes. Mais l’espérance de vie augmente. Aujourd’hui, les seniors (55-75 ans) sont généralement plus dynamiques, en bonne santé et retraités. Pour Martine Segalens, socio-anthropologue, « les grands-parents sont maintenant très investis dans la garde des petits-enfants. Ils soutiennent le travail des jeunes générations et permettent d’une certaine manière le travail des femmes.«
Une parenthèse dans l’éducation
« Je dois le confesser, je ne suis pas très sévère avec mes petits-enfants, avoue souriante Françoise, 62 ans, grand-mère dynamique de Breteuil. Il y a un cadre, des règles à respecter, mais je n’ai pas à éduquer mes petits-enfants. Je suis plus souple. » Interrogez les grands-parents de votre entourage, ils vous raconteront qu’ils profitent du meilleur. Les grands-parents offrent une parenthèse à l’enfant : celle d’un peu plus de liberté comme, par exemple, ne pas manger des brocolis, de regarder plus tard la télévision, d’avoir plus d’une histoire avant de se coucher… Même si les grands-parents imposent tout de même un cadre, cet espace de liberté est important car les enfants acceptent alors mieux l’autorité au quotidien.
Transmettre
« J’aime les avoir en vacances, même tous ensemble. Nous avons créé une sorte de dortoir car nous n’avons pas assez de chambres pour chacun. Les cousins sont heureux de se retrouver, nous sommes heureux de les avoir, même si c’est fatiguant… J’aime raconter l’enfance de leurs parents et ils en raffolent. » Les grands-parents ne sont pas uniquement des baby-sitters mais des fabriques à souvenirs. D’abord, ils racontent les leurs : c’est à la fois la grande histoire (celle d’avant le téléphone portable et Internet) et la petite, au moins aussi importante, celle de la famille. Ainsi, l’enfant s’y inscrit, se sent appartenir à cette famille; ce temps de vacances – surtout avec les cousins – écrit la saga familiale, donne un « esprit de famille », un lieu de souvenirs. Enfin, les grands-parents ont du temps à offrir pour de grandes discussions philosophiques et ralentir le rythme de vie, mais aussi pour découvrir un musée, se balader, peindre, dessiner ou encore la confection d’un gâteau, bref, loin des contraintes du quotidien.
Publié dans Missio n°16 – juin 2017