Chrétiens d’Orient : le prix de la foi

« Je suis né en Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate » pourrait raconter Nareg ou Thaer ou Alain ou Sabri mais aussi Jalila ou Nakeya… Ces hommes et ces femmes, qui vivent dans l’Oise aujourd’hui, sont nés dans cet Orient tourmenté où les chrétiens sont persécutés aujourd’hui par Daech comme ils l’étaient aux premiers temps du christianisme mais aussi en 1915 avec le génocide des Arméniens et des Assyriens par le gouvernement de l’Empire ottoman.

Les chrétiens d’Orient – qu’ils soient Chaldéens, Maronites, Arméniens les trois principales communautés en France – sont issus directement des premières communautés chrétiennes fondées par les apôtres après la Pentecôte.

« Nous habitions Duhok en Irak du Nord et nous sentions tous les jours un peu plus combien la vie pour nous chrétiens devenait difficile, carrément invivable. » nous expliquent Sabri et Jalila* habitants de Noyon. «Nous vivions constamment dans la peur. » poursuivent-ils. Pour Thaer, réfugié depuis septembre, «il y a une volonté d’effacer la présence chrétienne en Irak. Mais ce sont les chrétiens qui ont construit l’Irak. »

Onze à treize millions de chrétiens vivent au Proche-Orient. Aujourd’hui, en France, nous estimons la présence des chrétiens d’Orient à près de cent mille personnes. Dans notre diocèse, nous comptons des Arméniens, des Assyro-Chaldéens, des Maronites, des Ukrainiens… Récemment, des familles syriennes ont été accueillies à Clermont et à Compiègne, deux familles irakiennes l’ont été à Saint-Leu-d’Esserent. Leur présence doit nous rappeler « que le christianisme n’est pas une religion européenne, ni même occidentale, mais asiatique. C’est nous qui avons reçu le christianisme venu d’Orient. » insiste Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’OEuvre d’Orient. « Ils prient dans la langue du Christ… »

Et nous chrétiens occidentaux, resterons-nous sans agir face au génocide des chrétiens d’Orient ? Bien sûr, nous pouvons, nous devons donner aux associations qui viennent en aide aux réfugiés, qui bâtissent des écoles… Mais notre force est ailleurs. Nous devons prier pour eux sans relâche car la prière est le symbole de l’unité de l’Eglise, celui de l’Espérance. Ensemble, fidèles au Christ sur la Croix, mort et ressuscité, nous sommes assurés qu’au bout de ce chemin « la résurrection viendra ».

« Leur sang est l’eau qui permet aux graines de la foi de toutes les générations de grandir. C’est un témoignage de la profondeur de l’évangélisation. » témoigne le Cardinal Antonio Taglé. « Nous connaissons le prix de notre foi. » affirme Mickael, assyro-chaldéens de Chambly « Nous sentons que nous avons beaucoup à apporter aux chrétiens de France parce que nous savons ce que c’est de rester fidèle au Christ en toutes circonstances. » Que l’exemple de nos frères d’Orient nous réveille comme aux premières heures du christianisme et nous amène à témoigner de notre foi.

*Les prénoms ont été modifiés

Article publié dans le numéro d’Echo n°19 – mai 2015