Trois questions à Nicole Garnier, conservateur général du patrimoine, directrice honoraire du musée Condé.
2022 est une année particulière pour le domaine de Chantilly. Pourquoi ?
En 2022, Chantilly célèbre le bicentenaire de la naissance de son donateur Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897). Fils du roi Louis-Philippe, le duc d’Aumale a hérité à l’âge de huit ans de l’immense fortune de son grand-oncle, le dernier prince de Condé, Louis-Henri-Joseph de Bourbon-Condé (1756-1830) : dans cet héritage, se trouvaient le Palais Bourbon (ajourd’hui, notre Assemblée nationale) et le domaine de Chantilly. Le château est alors en partie rasé, depuis 1798. Aumale le fait reconstruire en 1875 par l’architecte Honoré Daumet dans un style éclectique afin d’installer les collections de peintures, dessins, objets d’art et livres qu’il a constituées durant les vingt-trois ans d’exil qu’il passe en Angleterre après la chute de la monarchie de Juillet.
Que proposez-vous actuellement pour refléter l’oeuvre de ce grand collectionneur ?
Pour célébrer la naissance de notre donateur, le musée Condé proposera jusqu’au 2 octobre une grande exposition sur Albrecht Dürer, au Jeu de paume, avec en parallèle, au Cabinet des livres, une exposition portant sur les livres germaniques de la bibliothèque d’Aumale. Le Cabinet d’arts graphiques accueillera également une exposition de dessins de la Renaissance, les portraits des enfants royaux de la famille de Valois tirés de la fameuse collection dite « des Clouet de Chantilly » – un ensemble de portraits dessinés uniques au monde.
Le duc d’Aumale était très attaché à Chantilly. Comment allez-vous rendre hommage à ce prince de Chantilly ?
Il manquait au musée Condé un portrait du duc d’Aumale jeune, dans ses années algériennes, au moment de la prise de la smalah d’Abd-el-Kader : c’est chose faite, grâce à la générosité de nos collègues de Versailles qui ont accepté de mettre en dépôt de longue durée, à Chantilly, les portraits du duc d’Aumale (1843) et de la duchesse d’Aumale par Winterhalter. Ces tableaux en mauvais état n’étaient pas exposés : ils sont en cours de restauration grâce au soutien des Amis du musée Condé et seront visibles dès cet été dans la galerie de Psyché. Ce sera une belle manière de célébrer le bicentenaire de ce grand amateur d’art, tandis qu’un grand spectacle de mapping, « Le Rocher des Trésors 2 » sera projeté en plein air en septembre, dans le parc de Chantilly, lors des journées du patrimoine.
Propos recueillis par Julien Serey
Publié dans Missio (édition Clermontois) n°37 – septembre 2022