Si un mot devait résumer l’année 2020, voire même un peu 2021, cela pourrait être « essentiel ». Avons-nous pu réfléchir à ce qui était essentiel dans nos vies ?
Selon le Larousse, essentiel (du latin, essentialis) se définit comme ce qui est indispensable, important. Un virus, mesurant entre 50 et 140 nanomètres, a tant bousculé nos vies et nos habitudes que nous avons dû nous interroger sur ce qui est essentiel dans nos vies. Ainsi, du jour au lendemain, nous avons désigné ce qui était crucial à nos existences : l’alimentaire mais pas l’habillement, le jogging mais pas la culture… Avons-nous pris le temps depuis de réfléchir exactement à ce qui est essentiel dans nos vies ? Dans son essai, Ces biens essentiels aux éditions Bouquins, Céline Pina commence par une citation de Churchill, une déclaration faite alors qu’il lui était demandé de réduire le budget de la culture pour l’effort de guerre : » Si ce n’est pour la culture, pourquoi nous battons-nous ? » Pour quoi vivons-nous ? Certes « l’homme est un être de culture plus que de nature« , le paquet de pâtes est important, pourtant, dans la période épidémique que nous connaissons se joue autre chose. « Le bien essentiel des hommes repose sur le fait d’être un être social, d’avoir besoin, pour se réaliser pleinement, de la compagnie de ses semblables, résume Céline Pina […] Dans la crise sanitaire qui ne voit en nous que l’animal, la culture est ce qui nous rattache à la civilisation. » Bien entendu, nous avons besoin de nourrir physiologiquement notre corps. Mais nous avons besoin des autres, d’interactions sociales, de partage. Nous avons aussi à nourrir intellectuellement, artistiquement, spirituellement, notre âme. Or, nous avons perdu nos repères.
Donner ce à quoi on tient
Dans un récent entretien à La Vie, l’historien Emmanuel de Waresquiel a déclaré : « Allez à l’essentiel. C’est le cœur qui compte, c’est l’amour. » Nous consommons, parfois à outrance, et nous oublions les valeurs simples d’entraide, de partage, du bien commun, de protéger la Terre pour les générations à venir. Nous laissons parfois notre générosité s’exprimer, mais donnons-nous de nous-mêmes, et non du superflu dont nous pouvons nous passer ? Lorsque nous admirons un tableau de Monet, lisons une page de Gustave Flaubert… le créateur a offert ce qu’il avait de plus profond en lui. Et nous ? Savons-nous donner réellement de nous-mêmes aux autres ? La question mérite d’être posée. Nous sommes imparfaits, mais sommes-nous vrais dans nos rapports aux autres ? Saurons-nous si c’est notre cœur qui parle ? Sommes-nous comme cette femme dans l’évangile de Marc qui a mis plus que les autres, car c’était « tout ce qu’elle possédait« , car c’est un geste d’amour qu’elle donne ? N’oublions pas la phrase du Petit Prince : « On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux.«
En cette nuit de Noël
Dieu aussi a eu un geste d’amour pour les hommes. Nous le commémorerons à Noël ! Souvenons-nous des paroles du Credo : « Il (Jésus) est Dieu, né de Dieu, Lumière, né de la Lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père, et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel; par l’Esprit saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme. » Dieu nous donne son Fils, Jésus. Il nous dit son amour et en réponse, nous avons crucifié son Fils ! Pourtant, Dieu nous aime encore et nous sauve puisque Jésus vaincra la mort à Pâques. Une nous fois, Dieu nous dit : l’important, c’est d’aimer, l’important, c’est d’aider les plus petits, l’important, c’est d’être frères. Alors à Noël, au pied du sapin, lorsque nous mettrons dans la crèche cet enfant qui vient de naître, n’oublions pas l’essentiel de nos vies.
Publié dans Missio n°34 – décembre 2021