Henri Breuil, préhistorien précurseur

L’abbé Henri Breuil en visite sur un chantier de fouilles près de Mons le 19 février 1954. Marcel Lefrancq — archives personnelles

Le 14 août, nous avons célébré le 60e anniversaire du décès du chanoine Henri Breuil, bien connu des Clermontois. Malgré ses responsabilités, le premier préhistorien du Collège de France n’a jamais rompu les liens avec la ville de sa jeunesse.

Dans un discours prononcé comme président de la Société préhistorique française, en 1936, l’abbé Breuil donne quelques éléments sur sa jeunesse clermontoise et la découverte de la préhistoire. Celle-ci a été en particulier marquée par « le très digne instituteur de Clermont, M. Devimeux, auquel j’écrivis le premier ma nomination au Collège de France, quand j’y fus élu« ; celui qui « par leçons particulières, m’apprit les rudiments des connaissances humaines (de 7 à 10 ans), me donna un jour, comme exercice de lecture, la description de la découverte de la sépulture néolithique d’Aurignac et de son gisement aurignacien… »

Dans la maison de ses grands-parents maternels dans l’Aisne, il « prend conscience de la présence d’antiquités « celtiques » » conservées dans une vitrine, comme le note son biographe Arnaud Hurel. Décisives sont à cette période la découverte de la préhistoire par les objets et la rencontre de l’archéologue Geoffroy d’Ault du Mesnil. Néanmoins, influencé par le curé de Clermont, le père Félix Boufflet, il désire répondre à l’appel de Dieu et devenir prêtre. Le 2 octobre 1895, Henri Breuil intègre le séminaire de Saint-Sulpice d’Issy-les-Moulineaux.

Détail peinture murale (street art) de Christophe Guémy dit « C215 ». Pendant l’été 2021, l’artiste a proposé un parcours urbain de grandes figures clermontoises. Celle représentant notre préhistorien se situe rue Henri Breuil, résidence les Peupliers, face à la communauté de communes.

Clermontois de coeur

Henri Breuil revient régulièrement à Clermont. Ses parents habitent la maison en face de l’hôtel de ville. Il va leur rendre visite régulièrement. Il n’oublie pas la ville de sa jeunesse*. En 1898, dans un courrier à Charles Pouillet de la société historique, il évoque un projet de fouilles à Catenoy. En 1902, il adhère à la Société Archéologique et Historique de Clermont (SAHC). Il publie quelques articles. Il poursuit ses liens d’amitié avec Charles Ansart, son camarade de lycée, mais aussi la famille Boulet. D’ailleurs, Robert Boulet le sollicite en 1938 pour sa première conférence à la SAHC sur « L’art rupestre préhistorique en Espace », la seconde en 1951, toujours à la demande de Robert Boulet.

Une amitié sacerdotale et clermontoise

L’abbé Amédée Beaudry est curé de Breuil-le-Sec et secrétaire de la société archéologique. Une amitié va se nouer entre les deux hommes. Que ce soit dans le bulletin de la société ou dans la semaine religieuse, l’abbé Beaudry veille à citer son prestigieux collègue. Il lui télégraphia aussi la décision de Monseigneur Roeder de le nommer chanoine honoraire de la cathédrale de Beauvais en 1947. Enfin, il devient membre du clergé de l’Oise.

Henri Breuil n’a pas oublié Clermont et ses amis. L’inverse ne fut pas toujours vrai… Le chanoine s’éteint le 14 août 1961.

*Henri Breuil est né à Mortain (Manche), le 28 février 1877, mais de fait a grandi à Clermont où son père, Albert Breuil, fut nommé procureur de la République en 1878 (auprès du tribunal de Clermont, aujourd’hui disparu).

Publié dans Missio n°34 (édition Clermontois) – décembre 2021