Henri Le Sidaner, artiste peintre… et jardinier

La table dans le jardin blanc de Gerberoy (1900, musée des beaux-arts de Gand)

Le Mudo – Musée de l’Oise (Beauvais) – propose une exposition intitulée « Echappées belles, paysages d’ici et d’ailleurs ». L’une des œuvres représente la cathédrale de Beauvais peinte par Henri Le Sidaner. L’occasion de (re)découvrir cet artiste.

Henri Le Sidaner naît le 7 août 1862 à Port-Louis. Il passe son enfance à Dunkerque, mais étudie à Paris. Il y fera une rencontre : l’impressionnisme, en particulier le travail de Manet. En 1882, il intègre l’école des beaux-arts et devient l’élève d’Alexandre Cabanel, son plus fidèle soutien. 1884, il retourne sur les plages de la Manche et s’installe à Etaples. Avec son ami d’enfance, Eugène Chigot, ils fondent le salon des peintres d’Etaples. Il est nommé officier d’Académie, en 1891, et obtient la médaille de troisième classe. Son tableau, La bénédiction de la mer, est acquis par l’Etat. Il quitte Etaples et voyage en Italie et en Hollande. A son retour, il s’installe à Paris. Son voisin est le compositeur Gabriel Fauré. Il se rapproche du mouvement symboliste. En 1895, Georges Petit l’expose et, deux ans plus tard, il présente sa première exposition personnelle à la galerie Mancini.

L’artiste et Gerberoy

En 1900, il confie à Auguste Rodin son souhait de s’installer à la campagne. Rodin lui conseille le Beauvaisis. C’est ainsi qu’il rencontre le céramiste Auguste Delaherche qui lui fait découvrir Gerberoy. A l’époque, le village n’a pas encore la réputation d’être l’un des plus beaux de France. Henri Le Sidaner achète une maison, la restaure et y installe son atelier.

Malgré tous ses voyages, Gerberoy sera sa principale source d’inspiration : plus d’une centaine de toiles y seront peintes comme des vues de la cité, la façade (fenêtres et volets) de sa maison… Il y développe un art intimiste où s’évapore une douceur de vivre.

Il ne laissera pas dans le village qu’une œuvre peinte, mais aussi une œuvre plus fragile : ses jardins. Le jardin blanc, face à la maison. L’artiste aménage, sur les ruines du château fort, des jardins à l’italienne avec trois niveaux de terrasses, le belvédère avec une vue sur le pays de Bray et enfin – ce qui fait la réputation de Gerberoy maintenant – la roseraie, avec une collection exceptionnelle d’une centaine de roses dont certaines plantées par le peintre lui-même. Orné de son buste réalisé par le sculpteur Pierre Roche, ce jardin – qualifié de « jardin remarquable » – existe toujours grâce au dévouement de Dominique Le Sidaner et l’association Henri Le Sidaner en son jardin de Gerberoy.

L’artiste décède à Versailles, le 16 juillet 1939.

Publié dans Missio n°32 (éditions Oise Normande et Vexin-Thelle), juin 2021