Le village de Dieudonne, à proximité de Neuilly-en-Thelle, 826 habitants, compte trois peintres de renom : Raoul Ubac, Pierre Dmitrienko et Jan Meyer. Évoquons ici l’un d’eux, Raoul Ubac, un artiste aux talents multiples.
Dans ses mémoires, Adrien Maeght écrit : « Raoul Ubac devint l’un de mes amis les plus chers. […] Quand nous le retrouvions, il nous emmenait pour des promenades dans les champs vallonnés de Picardie qui l’inspiraient. Il nous montrait les secrets de sa peinture, les courbes formées par les reliefs des paysages de l’Oise, par les droites et diagonales des sillons. » (Dans La lumière des peintres, aux éditions JC Lattès).
Raoul Ubac est né le 31 août 1910 en Allemagne. Sa famille s’installe en Belgique en 1919 et obtient la nationalité belge. Vers les années 1930, il débute par la photographie. Influencé par le Manifeste du surréalisme d’André Breton, son travail joue des surimpressions, de solarisations… et transforme les images. Ses photographies sont publiées dans la revue Le Minotaure et il participe à la première exposition internationale surréaliste à La Louvière en Belgique.
Ardoise et vitraux
En 1940, il fonde avec René Magritte l’éphémère revue l’Invention collective. Pendant la guerre, il emménage à Bruxelles et contribue à la revue Messages. Après la guerre, il cessera la photographie et s’éloignera du mouvement surréaliste. Alors, il s’adonne au dessin, mais surtout à la gravure et au travail de l’ardoise. Inspiré des artistes non figuratifs, il poursuit dans la recherche des formes et des couleurs. Pendant les années 50, il explore l’ardoise sous toutes ses formes dans la peinture, la gravure… En 1958, il achète une maison à Dieudonne.
Lors de la décennie 60, il peint davantage autour des thèmes des labours et des sillons (la Picardie l’inspire), des corps et des torses… En 1968, deux rétrospectives sont proposées l’une à Paris, l’autre à Bruxelles. Des vitraux lui sont commandés comme à Saint-Paul-de-Vence pour la Fondation Maeght ou la chapelle Sainte-Roseline (Les Arcs) où son travail côtoie celui de Chagall, de Jean Bazaine ou de Diego Giacometti. Adrien Maeght confie que Raoul Ubac était « l’un des peintres préférés de Georges Braque« . Ainsi, l’artiste réalise des vitraux pour l’église de Varengeville avec l’immense Braque. Il décède le 24 mars 1985 à Dieudonne.
Publié dans Missio (édition Vexin-Thelle) n°26 – décembre 2019