« Aimer, c’est préférer l’autre »*

Témoigner de l’amour, ce n’est pas chercher l’ambition, l’orgueil ou l’argent, mais servir la société, l’autre, en revenant à l’essentiel. Chacun de nous y est invité.

Peut-on encore espérer aujourd’hui? La question mérite d’être posée quand nous lisons les journaux ou regardons la télévision. Trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Selon l’Insee, le taux de pauvreté repart à la hausse en 2015. La solitude progresse : un Français sur huit est seul. Le chômage n’a jamais été aussi élevé. Sans parler de la violence… Bref, il est parfois tentant de rester sous la couette et de désespérer.

Pourtant, nous pouvons aussi être pleins d’espérance. Il y a soixante ans, le père Ambroise-Marie Carré nous interpellait : « Vivant dans un monde malheureux, nous devons être à ses yeux les professionnels de l’espérance. » Que faisons-nous pour lutter contre cette dépression nationale ? Il en est de notre responsabilité. Certains s’y attellent déjà.

Peut-être avez-vous entendu parler de ces riverains, à Lyon, qui se sont associés pour sauver une librairie de quartier. « Nous voulons faire de cette librairie un lieu de vie » assure l’un d’eux, dans le journal La Croix du 2 février 2016. Ils ne sont pas des professionnels du livre, même pas de gros lecteurs. Mais, pour eux, la librairie contribuait à la vie du quartier. Ils ont voulu sauver ce qui participe à l’âme du quartier, comme l’église où certains se retrouvent.

A chacun de nous de s’engager

Dans le Nouveau Testament, l’Apôtre Pierre, dans sa première lettre, nous invite à être « toujours prêts à rendre compte de l’espérance » qui est en nous. Arrêtez-vous quelques minutes : à y réfléchir vous connaissez aussi des amis, des voisins, des parents qui s’engagent au service du bien commun, comme Sébastien.

Depuis trois ans, cet homme de 40 ans est conseiller municipal élu, dans une commune du Beauvaisis, Oroër. Ne lui demandez pas le temps qu’il y consacre, cela ne l’intéresse pas. Au contraire, ce qui le motive, c’est la qualité de ces moments : « Le temps consacrés est vraiment utile quand il va dans le sens du bien commun et profite à tous les habitants. » Un conseiller municipal ne perçoit pas de rétribution. « Ce désintérêt financier renforce la volonté d’agir pour le bien commun. » Si Sébastien s’est engagé dans la vie de sa commune, c’est pour rencontrer, partager avec le plus de personnes possible, améliorer ce qui doit l’être.

Touché par la solitude qui frappe de plus en plus de personnes, même dans les villes, Philippe Quénardel a fondé à Senlis une antenne de la société Saint-Vincent-de-Paul. Aujourd’hui, trente-cinq bénévoles visitent soixante-dix personnes. Leur mission repose sur l’écoute, le service (petites courses, démarches, aides diverses…). La famille de Claire-Marie, jeune maman de Saint-Crépin-Ibouvillers, s’est engagée à apporter la communion à des personnes âgées, malades et souvent seules. Ainsi, ils se rendent une fois par mois à la Closerie des tilleuls, une maison de retraite, pour partager un moment et prier avec les résidents. « Nous sommes heureux avec elles de témoigner de l’amour que nous recevons à chaque communion et cela dans leur lieu de vie.« 

Comme le suggère Alexandre Jardin ou Aurélien Sallé, fondateurs du mouvement des Zèbres, nous devons entreprendre notre vie, nous prendre en main. Voilà la véritable espérance : celle de croire que l’amour est plus fort.

Publié dans Missio N°12 – juin 2016

*Citation de Saint-Vincent-de-Paul