Voici l’hommage à Maurice Druon, membre du comité de parrainage de la revue Entrée Libre, que j’ai publié dans le numéro 58 (juin-juillet 2009) de la lettre d’ARGOS :
Notre ami Julien Serey, président du club Entrée libre et membre de notre bureau, rend ici un hommage mérité à l’ardent gaulliste et au politique courageux que fut Maurice Druon.
Les fées de la littérature se sont penchées sur son berceau. Le talent littéraire coulait déjà dans ses veines : il est l’arrière petit-neveu du poète Charles Cros, l’arrière arrière petit-fils d’Odorico Mendes (homme de lettres brésilien) mais surtout le neveu de l’écrivain Joseph Kessel. Il passe son enfance en Normandie. son voisin est le célèbre historien de la Monarchie de Juillet : Paul Thureau-Dangin, également Secrétaire perpétuel de l’Académie française.
Brillant élève, il est lauréat du concours général, il étudie à l’école libre de sciences politiques puis à l’école de cavalerie de Saumur. Il commence à publier à l’âge de dix-huit ans, encouragé par son oncle Jef Kessel, qui guide la vocation littéraire du jeune Druon et prend en quelque sorte «la relève de paternité».
Lorsque la guerre éclate, Maurice Druon est mobilisé, ce qui le conduit à publier un article dans Paris Soir intitulé : «J’ai vingt ans et je pars». Démobilisé en 1942, il rejoint son oncle Jef à Londres où il devient l’aide de camp du général François d’Astier de la Vigerie. Un dimanche, il s’enferme avec son oncle pour écrire l’hymne de la Résistance : «Le Chant des Partisans». Bien plus tard, Maurice Druon commentera l’écriture de ce texte : «C’est une chance et comme la justification d’une vocation d’écrivain que d’avoir pu, avec les mots les plus simples, exprimer l’âme d’un peuple et un moment magique. Une grâce du ciel». Après la libération, il connaîtra le succès et les honneurs : prix Goncourt avec les Grandes Familles en 1948, puis la saga des Rois Maudits, sans oublier les Mémoires de Zeus, Alexandre le Grand… Il recevra aussi les prix les plus prestigieux comme le prix Pierre de Monaco, le Prix Agrippa d’Aubigné… En 1966, à l’âge de 48 ans, il est élu membre de l’Académie française au trentième fauteuil.
En 2005, dans une revue de jeunes gaullistes, il s’exprime en ces termes : «Soyez fiers de la France, et puisez cette fierté dans son histoire autant que dans ses potentialités. Pensez aux autres autant qu’à vous-mêmes. Sachez goûter l’honneur de servir : c’est la justification de vivre». Il résume ainsi son engagement politique qui ne l’a pas quitté depuis Londres et sa rencontre avec le Général De Gaulle. Maurice Druon fut député de Paris, ministre des Affaires culturelles (Paul Morand dans son journal écrira : «c’est le Malraux de Pompidou»). Maurice Druon est resté toute sa vie fidèle à la France et au gaullisme, qu’il qualifiait ainsi : «Le gaullisme n’est ni une doctrine, ni un programme. C’est une morale, la morale des épreuves, et une règle de comportement pour le citoyen, pour le gouvernement, pour la nation. Le résumé de cette morale est dans une phrase capitale du deuxième appel de De Gaulle, le 22 juin 1940 : «L’honneur, le bon sens, l’intérêt supérieur de la patrie commandent de continuer le combat». Avant toute décision ou engagement, si vous êtes gaulliste, vous devez vous poser les trois questions, et vous demander ce que ces impératifs commandent. Cette morale vaut pour demain comme elle valait pour hier». En 2002, Maurice Druon me décernait un brevet de gaullisme en me disant : «Le gaullisme n’est ni une doctrine, ni un programme, c’est une éthique : éthique de l’individu, éthique du gouvernant, éthique du citoyen. C’est celle-là qu’il nous faut retrouver et remettre en honneur». C’est un seigneur des lettres qui s’en va, un grand serviteur de la France.
«Chantez, compagnons,
Dans la nuit la liberté
Nous écoute…»