Pour la splendeur du domaine de Chaalis

Alexis de Kermel, administrateur général du domaine de Chaalis

Originaire de Puiseux-le-Hauberger, et après avoir officié aux châteaux de Chantilly puis de Fontainebleau, Alexis de Kermel est depuis quelques semaines administrateur général du domaine de Chaalis. Abbaye du XIIe siècle, Alexis assurera la gestion et le développement de ce patrimoine exceptionnel au nom de l’Institut de France.

Pouvez-vous présenter le domaine de Chaalis ?

L’abbaye de Chaalis, fondée en 1137, est devenue à partir du XIXe siècle une demeure de plaisance. A côté du bâtiment conventuel s’élèvent les ruines de l’ancienne église, de la chapelle peinte à fresque par Primatice au XVIe siècle et la célèbre roseraie que garde le mur de l’architecte Serlio. En 1902, Chaalis fut acquis par Nélie Jacquemart-André, qui restaura le domaine et y rassembla une collection de plus de quatre mille oeuvres d’art. A sa mort, en 1912, elle légua Chaalis et son hôtel parisien à l’Institut de France, qui s’attache depuis, à conserver et à restaurer ce patrimoine exceptionnel.

Quelle est votre mission ?

J’ai été nommé pour lancer un grand programme d’investissement qui vise à redonner au domaine de Chaalis la place qu’il mérite dans le paysage culturel français. A travers des travaux de restauration des bâtiments, de sécurisation du site, de muséographie et d’accueil du public, nous espérons que les visiteurs se (ré)approprieront le domaine, son histoire et ses collections.

Votre prochain projet ?

Dès cet été, nous allons travailler sur la médiation. Un dépliant, remis à l’entrée, proposera un parcours chronologique à travers le parc. Dans le château, le public pourra, pour la première fois, traverser les pièces de réception afin de s’immerger dans la vie quotidienne de Nélie Jacquemart-André. Enfin, des cartels développés viendront mettre en valeur vingt-cinq œuvres majeures du musée, permettant ainsi de mieux appréhender la collection réunie à Chaalis. Les grands travaux, quant à eux, débuteront en septembre, par la restauration de la salle de l’Orangerie et la création de trois gîtes dans l’aile des écuries.

La Vierge à l’Enfant tenant un chardonneret de Francesco Francia (Bologne 1450-1517) – (c) Domaine de Chaalis

Parlez-nous d’une œuvre ?

J’affectionne particulièrement la Vierge à l’enfant tenant un chardonneret, de Francesco Francia (Bologne 1450-1517), exposée dans la galerie du premier étage, qui illustre bien le goût des Jacquemart-André pour la peinture italienne. La douceur des visages et la paix qui se dégage de la composition, dans laquelle le chardonneret annonce pourtant la Passion à venir, invitent à la contemplation et s’accordent à merveille avec l’esprit des lieux.

Propos recueillis par Julien Serey

Publié dans Missio n°31 (édition Vexin-Thelle), mars 2021.