Comment transmettre la foi au Christ dans un monde de la non-croyance et de l’indifférence religieuse ? Chaque missionnaire y est confronté. Le Conseil pontifical de la culture, dans un document de 2006, propose « une pastorale qui réponde aux défis de la culture contemporaine » : la « Via pulchritudinis » ou voie de la Beauté. Comme le soulignait Max Jacob : « Le beau ne serait-il pas la route la plus sûre pour atteindre le bien ? »
Proposer une pastorale de la culture exigeante où l’homme découvre l’amour de Dieu, « source de toute beauté, de toute vérité » est une voie privilégiée pour dialoguer avec nos contemporains là où ils sont. Ainsi, pour la première fois, la culture a permis de servir en Chine la diplomatie vaticane. Jusqu’au 14 juillet, 76 oeuvres d’art des Musées du Vatican sont présentées à la Cité interdite de Pékin dans le cadre de l’exposition « La Beauté nous unit – l’art chinois des Musées du Vatican ». Le choix des oeuvres démontre un dialogue entre tradition chinoise et christianisme, et fait place aussi à des tableaux européens représentant des scènes bibliques. L’art, sous toutes ses formes, ne s’altère pas avec le temps et permet de communiquer l’expérience de la foi, la rencontre avec Dieu. Selon moi, l’art n’a de sens que s’il donne à voir, s’il témoigne de la beauté du Christ, témoignage d’une vie donnée. Source d’émerveillement, la contemplation d’une oeuvre est un chemin sûr vers la paix intérieure. Il n’est pas rare qu’une oeuvre invite à la méditation et à un coeur à coeur avec Dieu. Notre monde a besoin de contemplation, d’un temps de silence, loin de la frénésie, de son rythme qui s’accélère perpétuellement. L’art suspend le temps et nourrit notre désir d’une vie belle.
Dans sa lettre aux artistes, Jean-Paul II a écrit : « La beauté est la clé du mystère et elle renvoie à la transcendance. Elle est une invitation à savourer la vie et à rêver à l’avenir. C’est pourquoi la beauté des choses créées ne peut satisfaire, et elle suscite cette secrète nostalgie de Dieu qu’un amoureux du beau comme saint Augustin a su interpréter par des mots sans pareil : « Bien tard, je t’ai aimée, ô Beauté si ancienne et si neuve, bien tard, je t’ai aimée ! » Puissent vos multiples chemins, artistes du monde, vous conduire tous à l’Océan infini de la beauté où l’émerveillement devient admiration, ivresse, joie indicible ! »
Editorial du numéro 484 de Peuples du Monde