D’une rencontre est née une amitié

Venu faire un remplacement à l’été 2016, le père Kack ne s’attendait pas à nouer une vraie relation d’amitié avec sa paroisse d’été.

Tout commence par un remplacement d’été. Pendant les vacances, les prêtres du diocèse de Beauvais, comme dans d’autres diocèses français, doivent trouver un prêtre pour les remplacer. Dans un article du journal La Montagne, Mgr Laurent Percerou, évêque de Moulins, déclarait : « les prêtres prennent en moyenne 8 à 15 jours de congés l’été, parfois trois semaines

L’été, ça ne chôme pas

Pendant juillet et août, les prêtres ne chôment pas. Les missions ne manquent pas : « Ils ont souvent des missions à mener hors diocèse, en responsabilité avec les jeunes. Cela peut être l’accompagnement d’un camp de scouts, des pèlerinages à Lourdes, ou encore l’accompagnement d’étudiants en Terre Sainte. » indique l’évêque de Moulins. Dans l’Oise, nous pouvons aussi énumérer le pélé VTT des collégiens et lycéens, les JMJ quand le Saint-Père les convoque… Nos prêtres restent bien occupés, mais souvent ils sont loin de leurs paroisses, Ainsi, il faut pour continuer à célébrer les messes, les sacrements comme les mariages et les baptêmes, sans oublier les enterrements, des prêtres venus d’ailleurs.

Paroisse cherche prêtre pour l’été

En 2016, la paroisse de la Plaine d’Estrées au centre-est du département de l’Oise recherche un prêtre. Les deux prêtres de la paroisse, l’abbé Antoine Fernet et son vicaire l’abbé Martin Pinet sont très occupés. « Cette année-là, j’accompagnais les jeunes du diocèse de Beauvais au JMJ à Cracovie, le père Martin avait des camps scouts, le MEJ, des pèlerinages… Bref, nous étions à la recherche d’un prêtre pour l’été. » Le Père Martin approche un ami prêtre du Cameroun rencontré au séminaire. Celui-ci n’est pas disponible mais recommande un ami : le père Serge Kack.

S’apprivoiser mutuellement

Prêtre Fidei Donum, le Père Kack a été envoyé en mission par son évêque d’Eseka trois mois après son ordination. A Bafang, loin des siens, il a dû s’adapter : « C’était un peu l’inconnu, une autre langue, une autre culture. » Loin de l’effrayer, il a préféré remarquer la formidable confiance accordée par les deux évêques. Ainsi, partir plusieurs mois en Europe pour s’implanter dans une paroisse qu’il ne connaît pas ne lui fait pas peur. « J’ai fait attention à prendre beaucoup de temps avec lui au début pour l’accueillir, mais aussi à la fin pour ne pas le laisser repartir tout de suite. Il était important que ce remplacement se vive dans la fraternité. J’avais aussi demandé aux paroissiens de faire de même et ils ont joué le jeu » raconte l’abbé Fernet. Pour détendre l’atmosphère, le Père Kack n’hésite pas à dire qu’il ne sait pas cuisiner. Ainsi, « il n’a pas pris un seul repas au presbytère, sauf avec moi au départ. Les paroissiens l’ont constamment invité… Il est venu rendre service, mais nous devons aussi apprendre à le connaître, à découvrir sa culture, sa vision. Il est très apprécié humainement et spirituellement. En 2017, il était naturel qu’il revienne. C’est un vrai échange. Le Père Serge s’intéresse à la pastorale vécue chez nous comme la place des laïcs mais aussi à ce qui dure comme la Cathédrale de Senlis qui date du XIIe siècle. Au Cameroun, les églises sont moins âgées. »

Des liens se nouent

« En me nommant aussi aumônier diocésain de la jeunesse, me confier la pastorale, c’est me confier un peu l’avenir du diocèse : il nous faut tracer une voie pour les chrétiens de demain  » explique le Père Serge Kack au journal Missio. A Estrées-Saint-Denis, il peut compter sur une oreille attentive. Le Père Antoine Fernet est lui aussi responsable du service d’évangélisation des jeunes pour l’Oise. Au Cameroun, il faut tout construire : « des relais dans les zones pastorales, organiser des rassemblements diocésains pour les jeunes, gérer les ressources financières et les problèmes de transports des responsables. » Cela ne décourage pas ce prêtre. Il organise plusieurs événements chaque année : marche de Noël pour 1500 enfants, fait confectionner quatorze stations du Chemin de Croix en bambou, réunit 815 jeunes le temps d’un week-end pour les journées diocésaines de la jeunesse. « C’est une joie réelle de m’occuper des jeunes, même si souvent on a beaucoup d’idées et pas les moyens » dit-il. La paroisse d’Estrées-Saint-Denis se mobilise alors pour l’aider. « C’est aussi l’occasion de garder le lien pendant l’année. Facebook nous y aide.  » expose le Père Antoine. « Nous avons décidé de créer un partenariat à l’occasion du carême 2017. Nous avons contacté l’évêque de Bafang pour que le diocèse soit impliqué et que l’argent soit bien destiné au projet présenté. » En 2017, la paroisse finance du matériel sono pour les rassemblements de jeunes. Au carême 2018, elle renouvelle l’opération pour financer une salle informatique équipée d’imprimantes, d’ordinateurs, de scanners, de vidéoprojecteurs. L’objectif du Père Kack : former les jeunes de Bafang à l’informatique. « Cette année, un jeune de la paroisse est parti dans le cadre de ses études au Cameroun. Il a pu être accueilli dans le diocèse de Bafang «  poursuit le Père Antoine. « Si j’en ai l’opportunité, pourquoi pas m’y rendre également «   espère-t-il. Pendant l’été 2018, le Père Serge prendra ses quartiers d’été à la paroisse de la Plaine d’Estrées.

Publié dans Peuples du Monde n°481, avril-mai-juin 2018