Deux Français sur trois veulent changer de travail selon un récent sondage. Pour beaucoup, il est temps de remettre du sens dans leur vie, principalement dans le travail. Changer demande du courage et de la réflexion. Mais au bout du chemin, l’idée est d’être heureux.
« On ne m’a pas laissé le choix. Je me perds si je reste là « chantait Jean-Jacques Goldman dans sa célèbre chanson » Là-bas « . Selon un récent sondage*, 64% des Français veulent se reconvertir professionnellement. A y regarder d’un peu plus près, nous avons tous dans notre entourage un ami d’enfance, un voisin ou un collègue… qui a changé de métier et de vie.
Bien réfléchir avant de changer
» On sait ce qu’on quitte, on ne sait pas ce qu’on trouve « , rappelle en souriant Pierre, jeune retraité. » En même temps, pour moi, je n’ai pas trop réfléchi, dit-il en buvant un café au comptoir du bar. C’était encore l’époque du plein emploi, j’ai commencé comme apprenti et enchaîné les boulots à la chaîne ». Il s’arrête avec un regard plein de malice et fier de sa formule ; en effet, il a débuté sur des chaînes de fabrication, à la cadence un peu folle, mais n’est jamais resté très longtemps dans la même entreprise. « Je viens d’une famille d’ouvriers. Pourtant, j’avais le besoin de me former tout le temps, j’assistais à des conférences, je suivais des cours du soir. Un jour, dans ma région d’origine, j’ai trouvé une offre d’emploi pour devenir professeur. Je n’ai pas hésité et j’ai postulé.«
Pourtant, changer de vie demande du discernement. Il faut d’abord trouver ce pour quoi nous avons un don, ce qui nous rendra heureux. Changer d’air implique une formation et surtout un accompagnement.
» J’ai fait des études pour faire plaisir à mes parents, nous explique Antoine, 40 ans. Ils me voyaient à l’université, alors j’y ai étudié de l’histoire, du droit, de la sociologie… Finalement, avec le temps, j’ai obtenu un bac +5. J’ai fait des petits boulots comme livreur de pizza ; je n’étais pas malheureux, mais je n’étais pas heureux. Pour une femme, j’ai changé de région. Au lieu de chercher un emploi, j’ai cherché un sens à ma vie. Alors, je me suis accordé une pause. Accompagné d’un ami, je me suis interrogé : que faire pour devenir heureux ? «
Donner du sens à sa vie
Pour 70% des sondés, la motivation la plus forte est un retour aux valeurs. L’important est d’être en adéquation avec ce que l’on est, ce que l’on croit. La motivation financière n’est pas le principal argument, bien au contraire, elle arrive en dernier. Paradoxalement, les moins de 30 ans, qui viennent de rejoindre la vie active depuis peu, sont très en quête de sens et 69% d’entre eux réfléchissent déjà à une reconversion qui soit en phase avec leurs valeurs.
Antoine crée des instruments de musique : » J’avais un peu plus de 30 ans, j’ai décidé de reprendre une formation plus manuelle. J’ai trouvé une école à une heure de chez moi qui affichait 100% de réussite aux examens et 100% d’emploi pour ses diplômés. Je suis heureux ! J’aime mon métier, je me sens bien, j’ai trouvé un sens à ma vie. L’école aurait pu dire : 100 % des diplômés sont heureux. »
Pierre confirme : » Alors que j’enchaînais les jobs, je suis resté près de trente ans enseignant. Quel bonheur de transmettre aux gamins!«
Dans une étude menée par l’université de Chicago, le métier d’enseignant est 6e dans le top 10 des métiers qui rend heureux… Et le 1er : membre du clergé… Sans doute parce que les prêtres ou les religieux répondent librement à un appel, à leur vocation et que Dieu donne un sens à leur vie…
*Sondage réalisé par le groupe d’information AEF spécialisé notamment dans l’emploi et la formation, à l’occasion de la quatrième édition de son salon de la reconversion professionnelle, novembre 2017)
Publié dans Missio n°19 – mars 2018