Abbé Hamard : curé et archéologue

Pendant près de trente ans, l’abbé Hamard a fouillé le sol de sa paroisse à Hermes.

Né le 4 mai 1834 dans le hameau Pont-Herbout de la commune de Chanu (Orne), Jean-Baptiste Julien Hamard est issu d’une famille de récents cultivateurs. Jusqu’en 1860, sa famille travaillait le fer comme la plupart des habitants du canton de Trinchebray. D’ailleurs, dans le recensement de 1851, il est indiqué « cloutier » dans la colonne profession du jeune Hamard.

Le mystère Hamard

Il ne figure pas dans le recensement de 1856. Pendant près de dix ans, nous perdons sa trace. A l’âge de 31 ans, il rejoint le grand séminaire de Beauvais. Comment est née sa vocation ? Jean Hue, des Missions étrangères de Paris et futur martyr en Chine, est le frère de sa belle-sœur Marie Aimée. Nous savons qu’entre les deux hommes existe une correspondance. Pourquoi avoir choisi un séminaire à 300 kilomètres de chez lui ? Bruno Maimbourg et David Jehanne avancent deux hypothèses : la proximité de Paris via le chemin de fer pour rejoindre régulièrement les Missions étrangères de Paris et la seconde est l’enseignement de l’archéologie au séminaire de Beauvais – premier séminaire à l’avoir instauré en 1830 en France.

Découvertes mérovingiennes

Monseigneur Gignoux l’ordonne prêtre le 28 mars 1868 et le nomme curé d’Eragny-sur-Epte. Il dessert également Villers-sur-Trie. Huit ans plus tard, il l’envoie comme curé de Hermes, notamment pour apaiser les tensions entre l’instituteur et son prédécesseur. En 1886, le maire de Hermes, Victor Vuarin, écrit : « Rares, les prêtres qui ne s’occupent jamais de politique ; il consacre tout son temps à faire des fouilles. » Et même tout son argent. En effet, il creuse le sol de sa paroisse et met à jour 1247 sépultures de l’époque mérovingienne et le vicus Ratumagus qui, selon Auguste Lognon, est une agglomération secondaire des Bellovaques. Fantasque, l’abbé Hamard se fait construire un petit manoir – musée avec ses découvertes.

En 1906, Monseigneur Douais l’autorise à prendre sa retraite à Chanu. Il meurt le 18 août 1923 dans sa ville natale.

Publié dans Missio n°35 (éditions Oise Normande et Vexin-Thelle) – avril 2022