« Relève-toi et va… »

Image par S. Hermann & F. Richter de Pixabay

Depuis un an, le monde est touché par la pandémie de Covid-19. Au-delà de l’activité économique, inégalement atteinte, c’est toute notre humanité qui est frappée dans sa chair et son coeur. Pour les chrétiens, porteurs d’un message d’espérance, de foi et de fraternité, plus que jamais en ce temps pascal où ils vont fêter la résurrection du Christ, il est hors de question de baisser les bras.

De quoi avons-nous peur ? Chacun de nous devrait se poser cette question. Ces derniers mois ont été le révélateur de nos craintes et nos angoisses. Dans une tribune intitulée « Notre maître aujourd’hui : la peur » du 10 février 2021 dans Le Figaro, la philosophe Chantal Delsol l’affirme : « Elle [la peur] vous immobilise, vous interdit d’agir et vous rend docile à toute pression. » La pandémie nous a apporté un cortège de peurs. « On ne sait plus très bien de quoi on a peur – puisque la cause de la peur change sans cesse, et il faut dire que le discours public en rajoute des couches – mais la peur devient une disposition permanente, comme une seconde peau. » Si nous sommes invités à être collectivement prudents et responsables, nous pouvons regretter que la peur ferme ce qui élève l’humain et le grandit. La fermeture des lieux culturels en est l’exemple.

Est-ce que tout est perdu ?

Dans son dernier livre, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, énonce les paradoxes de la crise sanitaire, mais aussi les ressources fabuleuses que l’homme peut puiser en lui-même comme l’entraide, la solidarité. Le moment est pour les uns « un temps de souffrance, de deuil, d’inquiétude économique, de tensions conjugales et familiales, d’isolement, de désert spirituel voire de dépression tandis que, pour d’autres, il laisse le souvenir d’un moment de grâce, d’approfondissement intellectuel et spirituel, d’harmonie conjugale et familiale renouvelée, de contemplation de la nature, de fraternité inédite. » La pandémie nous a obligés à nous réinventer. Elle a vidé nos agendas. Ce fut le cas de soeur Bernadette Moriau, 70e miraculée de Lourdes, qui traverse la France pour témoigner.

Si elle reprend un peu son activité, celle-ci est encadrée par le couvre-feu actuel. Fin janvier, une paroisse lui demande un témoignage pour une soirée dont la date était proche… Une équipe de jeunes de la paroisse a équipé l’église pour des retransmissions. Voilà soeur Bernadette témoignant dans une veillée de prières de Bresles, en communion avec une paroisse du diocèse de Nanterre : les paroissiens et visiteurs chez eux, le curé dans son église. Comme l’écrit Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, dont le diocèse a été très marqué par la pandémie : « Quelle étrange merveille que de voir poindre l’aurore de la vie nouvelle en passant par ce vide, en traversant l’abîme noir pour se trouver dans l’éblouissement de l’entraide, de la fraternité, de la bienveillance envers l’autre.« 

La « grande espérance » ne déçoit pas

Le frère Thierry Hubert, producteur du Jour du Seigneur, rapportait les propos admiratifs d’un interlocuteur : « C’est incroyable, cette capacité que vous avez, vous les chrétiens, à ne jamais baisser les bras ! » Et le frère de répondre : « Au coeur même de la nuit noire, il y a toujours l’espérance qui advient. » Revenons à la source de notre vie : Dieu. N’oublions pas que Dieu nous a sauvés par la mort et la résurrection de son Fils.. Notre espérance est cette confiance en Dieu et dans sa promesse de nous accueillir, pour notre salut et la vie éternelle. Dans sa deuxième encyclique « Sauvés dans l’espérance » (2007), le pape Benoît XVI écrit : « La vraie, la grande espérance de l’homme qui résiste malgré toutes les désillusions, ce peut être seulement Dieu (…) Nous avons besoin des espérances – des plus petites ou des plus grandes – qui, au jour le jour, nous maintiennent en chemin. Mais sans la grande espérance, qui doit dépasser tout le reste, elles ne suffisent pas. Cette grande espérance ne peut être que Dieu seul, qui embrasse l’univers et qui peut nous proposer et nous donner ce que, seuls, nous ne pouvons atteindre. » Cela donne les audaces. Alors, nous pourrons écouter Jésus dire au lépreux guéri : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé » (évangile de Jésus Christ selon saint Luc, 17,19)

Publié dans Missio n°31 – mars 2021