Pierre Dmitrienko, une âme russe dans l’Oise

Pierre Dmitrienko, 1965
Rurik Dmitrienko – Pierre Dmitrienkko — Dmitrienko-Archives/Wikimedia Commons

Pierre Dmitrienko ne s’est jamais rendu en Russie, pays de ses parents. Néanmoins, il a été élevé dans la culture russe et dans la foi orthodoxe. Cette foi n’est pas absente de son œuvre.

Né à Paris, le 20 avril 1925, Pierre Dmitrienko est à a fois l’élève de l’école publique française et de l’école russe d’Asnières. Il s’attache à découvrir la Russie à travers la littérature, la pensée et la langue. En 1946, il abandonne ses études d’architectures pour la peinture qu’il apprend dans l’atelier de Conrad Kickert. Il y étudie tous les courants d’art de l’époque sans s’intéresser à l’art figuratif explicite.

Reconnaissance artistique

Son talent est vite reconnu. Les expositions se suivent comme les galeries Maeght, Jacques Massol, Lucien Durand… Les critiques de revues importantes l’encensent. Son travail le rapproche de la nouvelle école de Paris qui est dominée par Jean Bazaine, mais aussi Alfred Mannessier. Il est alors connu pour son travail sur la couleur, pour ses toiles lumineuses et brillantes.

C’est aussi l’époque des « Mains éblouies » rassemblant quelques jeunes artistes. Là, il y apporte son sens du sacré. En 1954-56, il peint deux œuvres majeures : Golgotha et Gethsémani, dévoilant une spiritualité.

Golgotha, 1954
Rurik Dmitrienko – Pierre Dmitrienkko — Dmitrienko-Archives/Wikimedia Commons

Pendant les années 1950, il vit à proximité de Paris, notamment à Dieudonné (Oise). En 1959, il rachète le château abandonné de Nivillers, près de Beauvais. Il y installe son atelier, sa presse à gravures rachetée à Jean de Brunhoff, le père de Babar. A ce jour, nous comptons 223 estampes, avec des séries comme Paysages du Japon… La campagne de l’Oise lui inspire la série des Pluies. A partir des années 60, son œuvre sera plus sombre avec l’émergence de l’homme comme sujet. Il affirme d’ailleurs ne pas s’intéresser au visage, mais à la présence humaine. Malheureusement, son travail est incompris et les expositions sont un échec.

Il dois se résoudre à vendre son château et à quitter l’Oise. Jusqu’en 1973, il n’expose plus en France, mais connaît un certain succès mondial qui l’amène à voyager en Europe et en Amérique du Sud. Il y explore toujours l’âme humaine : « Je reçois, malgré moi, la figure de l’homme« , écrit-il en 1967 du Pérou. En 1972, la série Blasons où il travaille l’or – comme les icônes – marque la fin de la référence humaine.

Pierre Dmitrienko a dessiné les vitraux de l’église de Villers-Carbonnel dans la Somme et a sculpté également le marbre, la pierre, l’ivoire, le bois, le bronze. Le 15 avril 1974, il meurt d’un cancer à l’âge de 48 ans.

Publié dans Missio n°31 (éditions Vexin-Thelle, Oise Normande), mars 2021