Accueillons Dieu dans nos vies

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« Dieu est le premier à qui on doit offrir un refuge », médite le père Franck Dubois. Savons-nous être hospitaliers ? Sommes-nous capables de recueillir dans notre maison, dans notre charité, dans notre cœur, ce Dieu qui nous aime ?

« Dieu mendie à l’homme l’hospitalité« , cette affirmation du recteur de l’université catholique de Lille, le père Luc Dubrulle, nous étonne. Comment Dieu peut-il mendier l’hospitalité ? N’est-il pas créateur de toutes choses et des hommes ? « Rien n’est impossible à Dieu« , révèle l’ange Gabriel à Marie… Comment un Dieu aussi puissant peut-il se faire si petit, si mendiant ? Cette phrase nous bouscule, surtout à l’approche de Noël où nous allons célébrer la naissance de Jésus.

Dieu se révèle par les plus petits

Pendant la nuit de Noël, nous faisons mémoire de la naissance d’un bébé, cet être si fragile – et les parents le savent bien -, qui chamboule toute vie, toute certitude. Pendant cette nuit si spécifique, Dieu nous apprend l’humilité. Jésus aurait pu naître dans un palais, Marie aurait pu être assistée par tous les médecins du royaume. Non ! « Or, pendant qu’ils étaient là [à Bethléem], le jour où elle devait accoucher arriva ; elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes » (évangile selon saint Luc 2, 6-7). Des ambassadeurs du monde entier, les grands du royaume, les savants auraient pu se précipiter à son chevet, mais Dieu – par la voix des anges – annonça la naissance aux bergers, c’est-à-dire aux plus petits.

Deux mille ans plus tard, Dieu – qui n’en a pas fini avec nous – est présent dans nos vies. Saurons-nous le reconnaître ? Dans son livre Des grains sur la route, le père Franck Dubois nous confie que « Dieu n’occupe pas de place. Il ne prend pas plus de place dans nos vies que le petit enfant dans la crèche. » Selon notre dominicain, la clé pour découvrir Dieu est de prendre le temps de la rencontre ; lui-même vit celle-ci auprès des pèlerins de Lourdes : « Les personnes malades ou handicapées à Lourdes sont les premiers évangélisateurs. Les jeunes sont frappés par le sourire des personnes dont ils s’occupent. Il se dégage d’eux une force, une espérance qui les bouleverse. Ils ont la force des humbles qui désarme les puissants. »

Dans son ouvrage, ce religieux nous parle du miracle de l’hospitalité qu’il a pu découvrir, un concentré d’humanité où Dieu est présent.

« Dieu est le premier à qui on doit offrir un refuge »

Accueillir Dieu dans nos vies, quel programme ! Qui suis-je pour le faire ? Cette question est légitime… Mais Dieu ne s’embarrasse pas de conventions. Le frère Franck Dubois nous rassure : « En donnant à quelqu’un la possibilité de vous offrir l’hospitalité, vous lui donnez une certaine dignité. » Dieu donne à chaque être qui le reçoit une certaine dignité. Dieu aime chaque homme et chaque femme. Il nous laisse la liberté de l’aimer et de le recevoir en retour. Comment ? Le père Luc Dubrulle nous guide : Dieu est hôte de notre espace intérieur. Saint Augustin expliquait que « Dieu plus intérieur à moi que moi-même« . Dieu nous attend au plus profond de notre être, de notre cœur. « La vie humaine très singulière naît biologiquement dans l’hospitalité secrète d’un amour débordant « , enchérit le père Dubrulle… C’est dans l’amour que Dieu nous attend. La naissance de Jésus est le fruit de cet amour. Sa mort aussi. Par sa résurrection, la nuit de Pâques, Jésus vient sauver tous les hommes sans exception. Dans notre vie quotidienne, apprenons à être des hôtes de Dieu en lui consacrant du temps, notre pensée, notre prière… Vivons fraternellement avec les autres hommes qui sont aussi des hôtes de Dieu. Comme le frère Dubois, j’ai la même espérance : « Marcher attendrit le cœur, j’espère le mien en est devenu plus hospitalier au Christ. »

Publié dans Missio n°26 – décembre 2019