Cet été, offrez-vous une exposition

Rencontre avec Julien Serey, rédacteur en chef de Missio et commissaire de l’exposition « Hommage à la paix » de l’artiste Kim en Joong, qui se déroule actuellement à l’abbaye royale du Moncel

Comment est née l’idée d’exposer les oeuvres de Kim en Joong ?

Julien Serey : L’artiste avait exposé dans la cathédrale de Beauvais en 2015. A cette occasion, nous avons pu nouer des liens amicaux. Avec le soutien de l’évêque de Beauvais, je lui ai proposé de présenter, de nouveau, ses oeuvres aux habitants de l’Oise et au-delà. Dans un premier temps, nous avions envisagé de reprendre les oeuvres éditées par François Cheng et Kim en Joong dans leur livre Quand les âmes se font chant (éditions Bayard). Cependant, l’approche du centenaire de l’armistice de 1918 nous a fait changer d’avis et choisir le thème de la paix.

Que pouvez-vous nous dire justement sur cet hommage à la paix ?

Kim en Joong est né en 1940 en Corée du Sud. Il a connu l’occupation japonaise, la guerre des deux Corées… Il a fait l’expérience de la « non-paix » Il étudie aux beaux-arts de Séoul. Pour gagner sa vie, il devient professeur de dessin au séminaire catholique. De tradition taoïste, il faut peu à peu l’expérience du catholicisme. Il raconte avoir rencontré la paix et le silence dans l’église de sa paroisse. Cela l’amène à demander le baptême. En 1970, il prononce ses premiers voeux chez les Dominicains et, quatre ans après, il devient prêtre… Depuis cette date, il vit en France au couvent de l’Annonciation : un endroit assez surprenant. Vous êtes envahi par cette paix et ce silence alors que le faubourg Saint-Honoré à Paris est très animé. Dans les soupentes du couvent, Kim en Joong peint et crée.

Pour l’artiste comme pour moi, il était important de rendre actuel l’hommage à la paix. Nous le savons, cette dernière est fragile. Notre paix intérieure est parfois menacée, dans notre entourage, nous ne savons pas toujours être des artisans de paix. « La beauté sauvera le monde« , a écrit Dostoïevski. C’est aussi le fil conducteur de l’exposition.

Pourquoi avoir choisi l’abbaye royale du Moncel ?

Depuis le XIVe siècle, l’abbaye est un lieu de paix, de contemplation. C’est l’endroit idéal pour admirer les oeuvres de Kim en Joong. L’artiste nous conduit à la méditation, à prendre le temps de s’arrêter pour contempler, pour se connecter à l’essentiel. Quand j’ai amené l’artiste visiter l’abbaye, il m’a dit tout son bonheur d’exposer ici.

Vous avez évoqué la figure de l’académicien François Cheng…

Il sera présent également… Kim en Joong présente trois toiles en hommage à son ami. Dans ses méditations sur la beauté, le poète François Cheng écrit : « D’un côté le mal, de l’autre la beauté « . Pour combattre le mal, il faut donc offrir du beau. J’ajouterai qu’il faut aussi du temps… Prenons le temps de visiter l’exposition, de nous arrêter, de laisser notre oeil parcourir la toile (ou la céramique ou le vitrail) et de s’en imprégner. Bonne visite

Publié dans Missio N°20 – juin 2018 (édition Clermontois)