Goûtons, respirons… et protégeons !

« Le cadre qui nous entoure influe sur notre manière de voir la vie, de sentir et d’agir », relève le pape François dans son encyclique Laudato Si, appel pressant pour sauvegarder notre « maison commune ». Avons-nous conscience de notre environnement dans toute sa réalité? Avons-nous pris le temps de l’observer, de le respecter?

« J’aime bien cuisiner avec maman« , affirme Léonore, 5 ans. « Ce que je préfère : préparer un gâteau au chocolat. J’aime finir le plat dans lequel nous l’avons préparé. C’est bon et je rigole quand mon frère se dessine des moustaches en chocolat en dégustant ce qu’il reste sur la cuillière« . Savons-nous nous émerveiller comme cet enfant ? Dans le bruit des villes, remplies d’une pollution visuelle et auditive, prenons-nous le temps de sentir, respirer, goûter, toucher, voir la beauté de la Création que Dieu nous offre. « Tu sais, c’est Dieu qui a inventé le chocolat et ça me fait plaisir« , confie Léonore.

Prendre le temps

Marie, jeune mère de deux enfants, raconte : « Il y a quelques jours, alors qu’il avait fait si chaud, la pluie se mit à tomber. Les bras chargés, je commençais à presser le pas, lorsque ma fille s’est arrêtée, a écarté les bras, tiré la langue et s’est exclamée « j’adore la pluie ». Elle avait raison. C’était agréable! » Pendant l’été, où le temps ralentit et le corps s’apaise, vous avez sans doute apprécié le goût du sel sur votre peau après une baignade en mer, aimé la sensation du sable ou de l’herbe pieds nus, admiré la beauté d’un paysage comme vous le feriez d’un tableau. Vous avez peut-être été étonné, émerveillé par cette nature. Votre coeur s’est sans doute rempli d’une joie simple, authentique, gratuite. Avez-vous – à l’exemple de saint François d’Assise – reconnu « la nature comme un splendide livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté  » comme l’écrit le pape François ?

La nature, c’est aussi l’homme

Si Dieu est le créateur de la nature, comment l’homme doit-il se comporter en son sein? En être le dominateur, l’unique consommateur ou l’exploiteur, c’est se détruire soi-même. La responsabilité de tous, c’est sa sauvegarde pour la vie de tous. Il est bien entendu légitime d’estimer la nature et ses bienfaits, de goûter les fruits de la création mais, aujourd’hui, nous en abusons. La nature subit toute action désordonnée et irresponsable des hommes. Fraterniser avec elle, c’est non seulement respecter sa propre identité, mais aussi rejoindre la volonté de Dieu qui en est le créateur permanent. Nous devons tous – riche ou pauvre, jeune ou vieux, homme ou femme – nous sentir concerner par sa sauvegarde. La nature est une rencontre avec Dieu et nous y sommes tous conviés. Pourquoi gâcherions-nous cette joie ?

Veiller sur la terre et les plus petits

 » Nous sommes intraitables sur le tri sélectif, indique Marie. Les enfants connaissent la poubelle propre et la poubelle sale. » Si la nature nous procure des petits plaisirs, nous pouvons aussi la sauver par des petits gestes. Le tri sélectif en est un comme prendre soin de son logement, des lieux publics, du cadre visuel. « Il faut aussi préserver l’eau, ne pas gaspiller, car il faut partager « , professe Léonore avec sincérité. Veiller sur nos ressources, c’est aussi être attentif aux plus démunis car le défi de notre temps est de construire à travers notre environnement une identité heureuse. Comme l’affirme le pape François : « Le monde est plus qu’un problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et dans la louange.  » A travers la beauté de la création, c’est en filigrane Dieu que nous contemplons, si nous acceptons de le reconnaître.

Publié dans Missio n°9 – septembre 2015