Des hommes et des femmes pour les autres

Comment donner du sens à sa vie ? Cette question, nous nous la posons tous à un moment de notre vie. Nous avons tous le désir d’être heureux et nous nous interrogeons : quel chemin prendre pour l’être?

« Des doutes? Entre le don de soi et le peu de reconnaissance, le manque de temps pour faire au mieux, pour prendre soin de… J’en ai en permanence. » Compiègnoise, Nadia est infirmière depuis 15 ans. Malgré une fatigue lisible, elle accepte de nous recevoir après une journée de 15 heures et le possible appel qui l’obligerait à y retourner.  » Je suis d’astreinte ce soir. Notre bonne volonté peut être mise à mal devant les rythmes imposés, de plus en plus denses, par la fatigue engendrée. » Pourtant, Nadia n’est pas résignée, ni épuisée moralement. Elle garde le sourire.

Le service comme don

Il n’existe pas une manière de servir. Comme les hommes sont multiples, le service des hommes l’est également. Mais, il n’y a qu’un service : celui de mettre l’homme au coeur de nos vies. Etienne Pinte, président du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion social nous dit : « Servir, a toujours été le fil conducteur, le point de repère, le chemin de mon histoire familiale. Servir la communauté des hommes par des engagements civils et politiques, est aujourd’hui mon choix de vie. »

Servir veut dire donner de soi, de son temps, de sa vie. Comme Maïwenn, 35 ans et Romuald, 41 ans qui ont décidé de tout quitter pour se mettre au service des couples au sein de Cana France. « Un matin nous avons reçu un appel d’un responsable de la communauté qui nous proposait de prendre la responsabilité de Cana France. Cela impliquait de quitter notre maison, de déménager avec nos trois enfants de 8 à 3 ans, et de quitter nos métiers respectifs pour être à temps plein au service de cette mission« , explique Maïwenn. Il était avocat et elle kinésithérapeute à l’hôpital.Elle ajoute : « Mon travail me plaisait beaucoup.« 

Crever les bulles de savon

Dans son dernier livre, Toi qui as soif de bonheur – méditations d’un moine sur le désir d’être heureux (éditions Médiaspaul), dom Jean-Pierre Longeat écrit : « Il est bien évident que celui qui veut trouver son bonheur dans l’immédiateté d’une vie sans souffrance, préfèrera des jouissances faciles mais qui ne mènent à rien d’autre qu’à soi. » Il n’y a pas de vrai bonheur dans une vie sans l’autre ou comme le dit le pape François : « La culture du bien-être, qui nous amène à penser à nous-mêmes, nous rend insensibles aux cris des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon, qui sont belles mais ne sont rien. » Alors pour être heureux, il faut crever les bulles de savon et retrousser les manches, de répondre aux cris des autres. Maïwenn le reconnaît : « Etre au service ensemble dans la même mission fait également grandir notre couple et nous remplit de joie. » Quant à Nadia, elle ajoute : « Comme tout métier de service à l’autre, aider, soigner nous fait oublier nos propres problèmes et au contraire donne un sens à notre existence… Nos actes ont un sens.« 

Heureux les serviteurs car il sont semeurs d’espérance. Cette espérance d’une vie meilleure, d’horizons apaisés ou chacun trouve sa place, où le bonheur est partagé.

Publié dans Missio n°3 – avril 2014